vendredi 2 décembre 2011

Quand les Blancs Sud-Africains rentrent au bercail




Apres 10 ans passés à Londres, la petite famille a finalement fait ses valises et prit le chemin de Johannesburg, signe révélateur de ce que les experts perçoivent comme une tendance de plus en plus grandissante des Blancs Sud-Africains qui retournent au pays. "La vie à Londres n’était pas mal du tout, mais c’est toujours différent de chez-soi", déclare Julie Short, qui a rencontré son mari Wallis dans la capitale Britannique. C’est là aussi que naquirent leurs deux fillettes. Le couple était parmi les 800.000 Blancs sud-africains qui quittèrent leur pays dans les années allant de 1991 à 2001 pour s’expatrier pour la plupart vers la Grande-Bretagne, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.

L’exode s’était élevé jusqu'à représenter 15% de la population totale des Blancs dans le pays. Ce qu’ils fuyaient ce fut surtout la criminalité violente et gratuite si fréquente qui fit irruption dans le pays dans le milieu des années 1990. A peu près 27.000 personnes furent tuées au cours de la seule année 1995 qui vit l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela.

D’autres parmi eux ont pris peur que la nouvelle Afrique du Sud post-apartheid ne leur ferme la porte à l’emploi ou aux opportunités de faire des affaires, étant donné que le gouvernement s’était lancé alors dans la politique de responsabilisation des cadres Noirs (BEE) en vue de créer une classe moyenne parmi la majorité Noire. La priorité y était accordée aux seuls cadres Noirs longtemps négligés sous les différents régimes Blancs précédents. Mais à présent cet exode semble non seulement ralentir mais se renverser.

Les données du recensement indiquent que la population blanche en Afrique du Sud s’élève à 4,5 millions, chiffre jamais atteint depuis 1991. Cependant, le nombre exact des Blancs sudafricains vivant à l’extérieur du pays est difficile à déterminer parce que beaucoup d’entre eux détiennent la double nationalité et ne sont pas comptés parmi les immigrants dans leur nouvelle nation. Mais les experts estiment que la raison majeure de ce mouvement s’explique par le mauvais état des économies des pays riches.

"Nous savons que l’Europe est en crise et l’économie américaine s’est affaiblie aussi", nous a déclaré John Loos, économiste à First National Bank (FNB) de Johannesburg. "Ce qui implique que la plupart des pays dans lesquels les gens ont émigré en quittant l’Afrique du Sud ne se portent pas bien, et les perspectives d’emploi n’y sont pas par conséquent bonnes. Cela aussi est à la base du ralentissement du taux de l’émigration.  En contraste, l’économie sud-africaine se porte pour la première fois bien depuis l’arrivée au pouvoir du premier gouvernement inter-races en 1994", a conclu M. Loos.

Retour au bercail

L’Afrique du Sud a connu une récession en 2009 qui ne dura que 9 mois et qui s’est révélée plutôt mois dure que ce qui arriva au reste du monde riche. Bien que le chômage se soit stabilisé à environ 25% de la population active, la demande demeure forte pour les personnes disposant des capacités tels les médecins, infirmiers et ingénieurs. Le ministère de Travail estime qu’en 2008 le pays avait besoin de 913.000 de ces personnes ayant des "connaissances rares" pour combler la demande. 

C’est ce créneau qui constitue le marché de Homecoming Revolution, un site web qui s’est fixé pour objectif d’aider les sud-africains expatriés à bien manœuvrer la transition lorsqu’ils retournent chez-eux. "Nous nous focalisons sur les capacités rares en Afrique du Sud : médecins, infirmiers, comptables, ingénieurs informaticiens… Toutes les industries ont besoin d’une telle expertise et nous avons besoin du leadership et voulons que les gens les plus expérimentés viennent ici et aident à la création d’emploi pour renforcer l’économie du pays",  nous a déclaré Brigitte Britten-Kelly qui dirige le projet.

Ce fut le cas de Wallis Short, un ingénieur en informatique qui trouva rapidement un emploi dans une entreprise locale à son retour. Il nous a déclaré que pour les personnes ayant des capacités recherchées, les opportunités de travail abondent, malgré la crainte de certains Blancs Sudafricains de se voir délaissés au profit des Noirs dans le cadre de la politique gouvernementale de BEE (responsabilisation des cadres Noirs).
"J’étais toujours sûr que je finirai par trouver un emploi malgré le BEE" dit-il. "Mon créneau exige des gens expérimentés et vous ne pouvez pas combler ces vides avec des candidats qui en manquent", ajoute Wallis Short.
Il existe toujours une criminalité ambiante, en particulier autour de Johannesburg. Mais le crime violent du passé a décliné…. A peu près 16.000 personnes furent tuées l’an passé et la violence se concentre dans les townships pauvres où l’accès est difficile à la Police.
Dans les quartiers riches, les agents immobiliers avouent que de moins en moins de personnes vendent leur maison en vue d’émigrer. La famille Short quant à elle vient de rénover sa maison de Johannesburg qui dispose d’un splendide jardin et d’une piscine, beaucoup mieux que leurs 15 mètres carrés qu’ils partageaient à Londres, sans mentionner la présence presque permanente du soleil. "Ce n’était jamais la même qualité de vie que celle que vous pouvez trouver ici chez-nous", déclare Julie Short. "Nous apprécions beaucoup d’être chez-nous. C’est tout simplement formidable".


Traduit de l’article "White SA head for home" de Thomas Donzel paru dans le "Mail & Guardian" de Johannesburg du 20/11/2011


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